Ci-dessous, la lettre ouverte reprise intégralement par la Gazette et les articles de presse de la Manche Libre et Ouest France :
"Depuis l'annonce par RTE de son intention de balafrer Chèvreville avec l'implantation de la ligne Très Haute Tension Cotentin Maine de 400000 volts, l'émotion et la détermination ont saisi notre commune. Beaucoup plus qu'une blessure dont Chèvreville pourrait guérir, c'est en réalité une vraie mutilation que la THT nous réserve, avec en corollaire un inévitable déclin auquel Chèvreville ne se résignera jamais.
S'il fallait concourir au palmarès peu envieux des communes les plus frappées par la THT, à l'évidence Chèvreville prétendrait aux toutes premières places. Qu'on en juge, la ligne THT envisage de transpercer tout le territoire communal en dessinant un interminable zigzag du nord au sud, et d'ouest en est. Quel est le maire ou l'élu, quelle est la commune qui accepteraient une telle cicatrice ? Qui consentirait à voir sa commune promise à la décadence avec un projet d'une envergure si hostile ? Que l'on ne s'y trompe pas, si ces dernières années Chèvreville a su accueillir de nombreuses familles, la perspective THT conduira fatalement à la fuite des investisseurs ayant projet de construire chez nous. Aujourd'hui, j'en suis malheureusement déjà le témoin direct, et ma commune la victime bien malgré elle. Quel élu se résoudrait à une telle répercussion pour la collectivité dont il est le réprésentant ?
Dès septembre, une première version du tracé qualifiait Chèvreville de « point dur » - selon le jargon RTE - difficile à traverser. C'était sans compter sur le mépris de cette filiale d'EDF qui, dans son dernier millésime, propose maintenant un nouveau tracé encore plus impactant, avec la traversée de zones denses en habitat et jusqu'alors tout naturellement exclues.
Ailleurs, RTE respecte une distance minimum d'un km entre la THT et les bourgs. Ceci a d'ailleurs été un engagement rappelé plusieurs fois, et notamment à l'occasion des réunions dites de « concertation ». Pourquoi donc RTE s'évertue-t-elle à planter une ligne THT, dominante, à flanc de côteau, à moins de 400 mètres du bourg et de notre école maternelle ? Ailleurs, RTE développe une sensibilité à l'égard des deuxièmes bourgs, en clair, ces villages prétendument les plus habités après le centre bourg, et éloigne la ligne en conséquence. A Chèvreville, ce sont successivement les villages les plus habités de la Croix du Hamel, puis dorénavant de la Métairie et de la Coutière qui sont touchés par la THT. Ailleurs, les projets de développement comme par exemple un lotissement, sont pris en compte. A Chèvreville, en frôlant le bourg, trois projets de lotissement sont gelés. Ce n'est pas la THT qui s'éloigne de Chèvreville, mais les projets de Chèvreville qui fuient la THT ! Chèvreville a le droit comme toute commune à un avenir. Je demande l'application du principe d'égalité ici à Chèvreville comme ailleurs.
N'en déplaise à ceux qui se formalisent des actions de l'Association « THT Touche Pas A Chèvreville » - dont je salue l'engagement - et qui développent parfois une complaisance à l'égard de la THT et une suffisance envers Chèvreville d'autant plus inconvenantes que ces personnes sont éloignées du tracé... et ne souhaitent de toute évidence surtout pas s'en rapprocher ! « Qui donne la leçon doit l'exemple. Sévérité bien ordonnée commence par soi-même. »
Cette ligne THT pose problème. Qu'en est-il du principe de précaution inscrit dans notre constitution depuis 2005 ? Si les problèmes de santé liés à la proximité des lignes haute et très haute tension sont, selon leurs promoteurs, improbables en France – et pour cause, aucune étude indépendante en France ne vient contrarier les desseins de RTE – les risques apparaissent de plus en plus probables à l'étranger, où des études révèlent des risques très sérieux notamment sur les enfants. Qui contestera au maire que je suis, l'obligation de soustraire nos enfants de l'école maternelle de Chèvreville à l'exposition des champs électromagnétiques de la ligne THT ? Quelle réponse apporter aux parents qui menacent de ne pas inscrire leur enfant si cette THT s'installe à proximité aussi immédiate de notre école ? Je réclame l'application du principe de précaution.
Chèvreville est entrée en résistance avec une détermination qui ne se démentira pas. Le caractère de très petite commune rurale ne justifie en rien que Chèvreville doive s'effacer devant un projet incacceptable. Faudra-t-il que le Conseil Municipal envisage une initiative comme le boycott des élections de mars prochain ou une démission collective pour faire cesser ce diktat ?
Chèvreville ne se laissera pas faire. Avec le Conseil Municipal, je m'emploierai avec force, et conformément à mon devoir de maire, à protéger Chèvreville et mes concitoyens de cette agression inadmissible -Victor James, maire de Chèvreville - Décembre 2007."
OUEST FRANCE - 13 déc 2007
LA MANCHE LIBRE - 12 déc 2007
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