dimanche 16 novembre 2008

La lutte anti-THT confortée par le jugement de Tulle


La société RTE a été condamnée à verser 400 000 € à un éleveur corrézien dont l'exploitation est situéesous une ligne à très haute tension. La décision fait réagir.


Pour la première fois, un lien de cause à effet a été établi par un juge. Depuis une quinzaine d'années, dans l'exploitation des Marcouyoux, à Latronche (Corrèze), située sous une ligne à très haute tension, les vaches avortaient, les truies ne mettaient plus bas et les gorets mouraient.

Il y a quelques jours, le tribunal de grande instance de Tulle a établi un lien direct entre la présence de la ligne et les pathologies des animaux, et condamné RTE, l'entreprise chargée de la gestion des lignes électriques en France, à verser près de 400 000 € à une famille d'agriculteurs. Dans la Manche, ce jugement éclaire d'un nouveau jour le projet de ligne à très haute tension (THT) qui doit relier le futur EPR de Flamanville au Maine-et-Loire.

Pour Christophe Gosselin, représentant manchois du collectif interrégional contre la ligne THT. « Cette décision, c'est du pain béni. Nos arguments s'avèrent de plus en plus crédibles. Au-delà du montant, c'est la culpabilité de RTE qui compte pour nous. On travaille depuis deux ans et demi sur les risques liés aux champs électromagnétiques sur la santé humaine et la santé animale. Pour les animaux, ce jugement prouve qu'on a raison. Reste à le prouver pour la santé humaine. Dans notre région aussi, des éleveurs rencontrent des problèmes. Mais ils ne le crient pas sur tous les toits. Ils ont peur d'être montrés du doigt. C'est pourquoi on a beaucoup de difficulté à répertorier les cas. Ils essaient de le résoudre dans leur coin, avec RTE. Ce jugement va inciter certains à dévoiler au grand jour leurs problèmes. On devrait pouvoir rendre les conclusions de notre étude « Vivre avec une ligne à haute tension » d'ici deux mois. »
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Pour Jean-Claude Bossard, maire du Chefresne, coordinateur interrégional des élus concernés par ligne THT Maine - Cotentin. « Le jugement de Tulle confirme ce que l'on craignait : plus on avance dans le temps, plus il s'avère que la ligne est dangereuse. L'arrêté pris par plus de la moitié des communes concernées, réclame que la loi soit respectée, c'est-à-dire, qu'une étude indépendante, dise si, oui ou non, il y a danger. Ceci dans le respect de la charte de l'environnement, inscrite dans la Constitution depuis 2005, et qui stipule que « chacun a le droit de vivre dans un environnement sain et équilibré, respectueux de la santé. » C'est la loi, et il n'y a pas d'exception à faire pour la THT. »
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[Ouest-France - dimanche 16 nov 2008]

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