En France, les lignes haute tension pullulent, et Chèvreville risque de leur offrir un terrain de culture fertile.
A l'étranger, ce sont à contrario les études alarmantes sur le problème de santé publique lié aux dangers des champs électromagnétiques des lignes haute tension qui foisonnent.
Au point que certains pays adoptent par précaution des normes d'exposition plus contraignantes pour protéger les populations exposées aux lignes (voir ci-contre). Un article publié le 21 août dernier
(ici) dans un grand quotidien de Nouvelle Zélande, le
New Zealand Herald, traite de ce problème.
Voici la traduction en français de cet article assurée par la cellule d'interprètes (*) de l'Association
THT, Touche Pas A Chèvreville :
Résultats d'une étude sur les risques liés aux lignes haute tension
D'après un expert interrogé par une commission d'enquête, vivre près d'une ligne haute tension augmente les risques de leucémie chez l'enfant, de fausses couches et d'autres désagréments pour la santé.
Malgré cela, le ministère de la santé néo-zelandais ainsi que l'entreprise "Transpower" [ndrl : l'équivalent de RTE], se disent satisfaits des normes actuelles, et ne souhaitent aucun changement en la matière de la part du gouvernement. Un urologue d'Auckland, le docteur Robin Smart, a récemment exposé lors d'une conférence de presse, un certain nombre d'études réalisées un peu partout dans le monde démontrant les effets néfastes sur la santé des champs électriques et magnétiques induits par les lignes haute tension.
En s'appuyant sur 83 études épidémiologiques, il appelle au durcissement de la régulation actuellement en vigueur. Une telle décision de la part du gouvernement aurait un grand nombre de conséquences, au premier rang desquels l'abandon d'un très controversé projet de ligne aérienne de 400 000 Volts de Transpower, pour la simple raison qu'il cesserait d'être rentable. Les adversaires de ce projet affirment que la largeur de servitude du couloir actuellement proposée par Transpower (65 mètres) est insuffisante pour préserver la santé des riverains [ndrl : en France, 5 mètres de l'habitat]. Ils militent pour que la largeur du couloir - qui doit traverser 190 km de terres agricoles à Waikato - soit élargi à 600 mètres. Le docteur Smart, s'exprimant au nom du groupe anti-lignes haute tension, souligne que la norme néo-zelandaise fixant l'exposition électromagnétique maximum à 100 micro tesla [ndrl : comme en France] est une "blague". D'après lui, ce seuil ne devrait pas dépasser 0.3 micro tesla.
Toujours d'après le docteur Smart, la norme prise comme référence par le ministère de la Santé, l'entreprise Transpower ainsi que par le gouvernement, est tellement laxiste qu'elle ne limite en fait absolument pas les expositions humaines aux champs électromagnétiques. Le gouvernement et l'entreprise Transpower se basent donc sur des standards dépassés, esquissés pour la première fois en 1997 par une commission internationale (ICNIRP - The International Commission on Non-Ionizing Radiation Protection). Ces standards n'ont cependant été que partiellement appliqués depuis.
En fait, ils avaient été à l'origine élaborés dans le cadre des expositions domestiques et scolaires aux champs électromagnétiques (qui sont donc des expositions limitées dans le temps). La commission s'était ensuite couverte en ajoutant que : "ses recommandations n'étaient toutefois pas censées proposer une protection complète des personnes face aux risques électromagnétiques".
Dans le rapport présenté hier par le docteur Smart, les recommandations de cette commission sont désignées comme clairement irresponsables. D'après ce rapport, "il est en effet inconcevable d'envisager un être humain vivant dans un lieu où règne un champs magnétique permanent de 100 microtesla, cela n'a jamais été vu et ne peut donc constituer une norme valable". Les études internationales dont le docteur Smart fait état, montrent les risques accrus de leucémie chez l'enfant, de fausses couches, de maladie neuromotrices, de migraines, de suicide et de dépression.
Une étude datant de 1997 et réalisée par Ivan Beale de l'université d'Auckland est ainsi détaillée. L'étude porte sur un ensemble de 540 habitants d'Auckland vivant à proximité de lignes à haute tension. Les caractéristiques de ce premier ensemble d'individus (exposés quotidiennement à des champs de 0.67 à 19 micro tesla) sont comparés à un groupe témoin constitué d'individus ne vivant pas forcément à proximité de lignes hautes tensions. Les résultats laissent apparaître des différences significatives entre les deux groupes sur deux des dix paramètres observés relatifs à la mémoire et à l'estime de soi (ou au caractère dépressif des individus). Le pourcentage de femmes dépressives ou ayant une faible estime d'elles mêmes semble ainsi être 5 fois plus important dans le groupe d'individu exposés aux champs électromagnétiques. Ceci semble être dû en particulier au fait qu'elles passent en moyenne plus de temps chez elle (et donc plus exposées) que les hommes.
Un autre docteur d'Auckland, Laura Bennet, pédiatre et résidant à Clevedon où des pylônes soutenant une ligne 400 000 Volts sont censés sortir de terre, rendait aussi hier les résultats de son étude sur le problème. Elle souligne que l'Organisation Mondiale pour la Santé recommande d'observer le principe de précaution sur ces problèmes de champs électromagnétiques dans le but d'encourager les directives visant à protéger les populations les plus vulnérables comme les femmes enceintes, les foetus qu'elles portent ainsi que les jeunes enfants. D'après le Dr Bennet, "le principe de précaution doit nous imposer de prendre en compte l'ensemble des risques pour la santé présents et à venir, en incluant ceux pour lesquels la science doit encore apporter des preuves. Et ceci quels que soient les coûts nécessaires au contrôle de ces risques.
A l'inverse, "le principe d'imprudence" que semble affectionner Transpower, l'amène à envisager de limiter les risques uniquement si ces précautions n'ont pas ou peu d'implications financières. Il n'y a cependant aucune réglementation en la matière, c'est pourquoi on continue de construire des habitations sous les lignes hautes tensions, précise le docteur Bennet.
L'étude souligne que les risques liés aux champs électromagnétiques sont dénoncés par l'opinion à chaque fois qu'un projet de construction ou de réhabilitation d'une partie du réseau électrique aérien est annoncé. Les directives internationales en la matière sont maintenant largement reconnues et fournissent une base qui a tendance à "rassurer" (dans le sens endormir) l'opinion. Elles ont aussi permis que des décisions soient prises de manière cohérentes et s'appuient sur des arguments scientifiques reconnus.
L'entreprise Transpower déclare que toute nouvelle mesure ne devrait pas venir durcir de manière arbitraire les directives de l'ICNIRP, et devrait simplement tracer une nouvelle ligne directrice sans constituer une nouvelle réglementation. Des centaines d'habitants du Sud d'Auckland sont exposés quotidiennement aux lignes de transmission électriques. Si un des buts de l'étude est de relâcher le contrôle systématique effectué sur les modifications mineures que Transpower apporte à son réseau, elle met l'accent sur la nécessité de légiférer pour décider d'un maximum acceptable en matière d'exposition aux champs électromagnétiques.
Au début du mois, David Parker le ministre de l'Energie, a annoncé que la mise en place d'un standard environnemental fixant des seuils maximum d'exposition était envisageable.
[NDRL : Il y a une autre justification à la publication sur ce blog de ce billet venu de Nouvelle Zélande. Laëtitia, une brillante élève ingénieur agronome a réalisé courant septembre un stage dans une exploitation agricole de Chèvreville, en pleine tourmente THT. Laëtita n'a pas hésité à apporter avec brio et beaucoup de pertinence sa contribution aux premières actions de mobilisation anti tht. Aujourd'hui, c'est en Nouvelle Zélande qu'elle poursuit son parcours de formation. Là bas, les lignes haute tension font aussi l'actualité. Merci Laëtitia.]
(*) Merci à Gwennaël.